mardi 1 novembre 2016

Mutisme dans le couple : quand le silence fait mal.

Croire que le mutisme est simplement une non-communication est une erreur grave. C’est au contraire une communication et elle peut être particulièrement violente au sein d’un couple. 




Un désir de non-relation


Les mots se multiplient mais ils tombent dans l’oreille d’un sourd. Il n’écoute rien, ou plutôt que lui-même et donc n’entend pas l’autre. Il s’est positionné secrètement en dehors de la relation, désengagé en fait. Il y a juste derrière le mutisme, dans son sillage, le désir de non-relation. D’ailleurs, poussé dans ses retranchements à dire enfin quelque chose, harcelé, en hurlant, il peut révéler le peu de cas qu’il fait des doléances de l’autre. Un cri strident perfore l’espoir d’une avancée ensemble et percute de plein fouet la confiance donnée à l’autre d’être là pour soi !

Cette boucle interactionnelle se répète quasiment à l’identique jusqu’à ce que la relation se déséquilibre dangereusement, provoquant une crise plus importante (en intensité et en durée) que les autres. Face au mutisme, l’autre finit par douter de la réciprocité des sentiments d’amour. En effet, est-il possible d’aimer et de le laisser dans la souffrance sans réagir, sans intervenir, sans réaffirmer l’importance qu’il a dans sa vie ? De déception en déception, les attentes se chargent de scepticisme, le doute se transforme en conviction de n’être rien pour lui.  

Une violence sans coups

Le mutisme est une violence sans coups mais qui brise au-dedans, sans même ouvrir la bouche, mais qui à force de nier l’attachement fauche les jambes et coupe tout élan dans un vacarme intérieur assourdissant. Il laisse toute la place aux fantasmes, de l’un et de l’autre. Et pour l’autre, fantasmes pas si fantasques que cela puisqu’ils germent à partir de faits significatifs d’insignifiance. Le mutique peut même partir pendant qu’on lui parle, sans dire ni où il va ni quand il revient. Ultime provocation que de planter l’autre avec son discours qui se mue immédiatement en boule au travers de la gorge. Estomaqué, sonné, il est submergé d’émotions et de pensées, contradictoires, confuses, douloureuses, qui se heurtent les unes contre les autres dans la tête.


À chaque nouvelle scène, elles s’estompent plus lentement, plus difficilement. Il faut dire que le mutique ne dit rien qui permettrait de les remplacer par de plus heureuses.

Une diabolisation de l’autre

Dans l’espace immense du non-dit, arrachés au mutique qui les lâche comme une grenade, les mots de désamour, les seuls dégoupillés, résonnent sans autre écho qu’eux-mêmes. L’autre ne peut pas les oublier, ces mots réitérés déjà plusieurs fois en dépit de leur brûlure, soit parce qu’ils sont la vérité finale du mutique, soit parce qu’il se sert de leur atrocité comme d’un bâillon. Seul lui importe leur pouvoir de réduire l’autre au silence. Ces mots le tétanisent. Petit à petit, ils insèrent la peur au centre du cœur. Et quand il cherche à être rassuré, il n’obtient au mieux qu’un maigre « je ne sais pas » qui accentue encore le fait que rien ne fait sens, que le mutique est par avance convaincu d’avoir raison de se taire. Un filtre tronque toutes les perceptions ; il a pour nom : diabolisation.  

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